Les recommandations européennes de réanimation (European Resuscitation Council – ERC) évoluent en 2025 avec un virage clair : une réanimation plus précoce, plus pragmatique et résolument centrée sur la physiologie.
Ces changements concernent directement les équipes préhospitalières et les services d’urgence, dans le but d’affiner les stratégies de défibrillation, de ventilation, de gestion médicamenteuse et d’organisation des secours.
Cependant en France, même lorsque les recommandations internationales évoluent, les gestes pratiqués doivent continuer à respecter le cadre d’emploi officiel dans l’attente des nouvelles publications des différents organismes nationaux :
- Ministère de l’Intérieur : référentiels INRS, Comités Scientifiques Français, Recommandations Sécurité Civile.
- Ministère de la Santé : sociétés savantes, filières médicales et paramédicales d’enseignements.
Ainsi, les secouristes, pompiers ou encore urgentistes, doivent continuer à appliquer les protocoles en vigueur jusqu’à leur mise à jour officielle.
Cet article, nous avons fait le choix de synthétiser les éléments essentiels de l’Advanced Life Support (ALS) avec un focus sur les procédures de réanimation extrahospitalière.
Un ALS plus précoce et mieux adapté aux réalités du terrain
L’ERC insiste désormais sur l’importance de réduire au minimum le délai entre les manœuvres de BLS et les premières interventions d’ALS. Dès l’arrivée des équipes professionnelles, défibrillation, gestion des voies aériennes et monitoring doivent être engagés sans transition.
Cette approche s’accompagne d’une distinction nouvelle entre deux niveaux de prise en charge, permettant d’adapter la stratégie aux ressources réellement disponibles.
Niveau 1 : reconnaissance rapide de l’arrêt, la réalisation de compressions efficaces et l’utilisation du DEA.
Niveau 2 : ALS complet, lorsque le personnel et le matériel le permettent, notamment en contexte rural ou dégradé.
Une défibrillation plus précise et mieux encadrée
Les recommandations 2025 clarifient fortement l’utilisation du DEA et du défibrillateur manuel. Lorsqu’un DEA est déjà en place avant l’arrivée des équipes ALS, ses consignes doivent être suivies jusqu’à la fin du cycle en cours, avant une transition vers le mode manuel. L’usage du manuel n’est justifié que si le rythme peut être identifié en moins de cinq secondes, afin de ne pas allonger inutilement les interruptions de compressions.
L’ERC stipule également que toute fibrillation ventriculaire, y compris fine, doit subir un choc dès qu’elle est clairement identifiée. En cas d’échec après trois chocs successifs, la priorité est de vérifier la bonne position des électrodes en antero-latéral avant d’envisager un changement de vecteur vers une position antéro-postérieure. Le double séquentiel n’a toujours pas de place en routine et reste réservé à la recherche.
Enfin, les recommandations rappellent les précautions indispensables liées à l’oxygène : masques, lunettes et BAVU doivent être éloignés d’au moins un mètre du thorax avant tout choc, afin d’éviter tout risque de combustion.
La ventilation des voies aériennes
La ventilation au BAVU, souvent source d’erreurs, fait l’objet d’une attention renforcée. L’ERC rappelle l’importance d’une technique à deux mains, d’un volume suffisant pour obtenir une élévation thoracique visible et d’une ventilation mesurée pour éviter toute hyperventilation.
Pour les voies aériennes, la stratégie devient plus progressive et plus réaliste. L’i-gel est désormais privilégié parmi les dispositifs supraglottiques. L’intubation doit être réservée aux opérateurs particulièrement performants (plus de 95 % de réussite en deux tentatives) et réalisée avec une interruption minimale des compressions. La capnographie est obligatoire pour vérifier la position trachéale du tube, sa trace persistante étant le seul moyen fiable d’exclure une pose œsophagienne.
L’ERC précise également, pour la première fois, les réglages à utiliser si un ventilateur mécanique est choisi pendant la RCP :
- Le mode doit être volumétrique ou à pression régulée,
- Un volume courant de 6 à 8 ml/kg,
- Une fréquence de 10/min,
- Une PEEP minimale,
- Le déclenchement inspiratoire désactivé.
Si l’efficacité n’est pas satisfaisante, il est recommandé de revenir au BAVU.
Une réanimation guidée par la physiologie
L’une des évolutions les plus marquantes concerne la RCP pilotée par la physiologie dans les environnements monitorés (réanimation, bloc, salle de cathé). L’objectif est d’adapter les compressions et les vasopresseurs aux valeurs mesurées. L’ERC recommande ainsi de viser une pression diastolique d’environ 30 mmHg lorsqu’une ligne artérielle est disponible, et d’utiliser l’ETCO₂ comme indicateur de qualité de massage, avec une valeur idéalement supérieure à 20 à 25 mmHg.
Péri-arrêt : cardioversion et rythmologie clarifiées
Les recommandations 2025 simplifient les algorithmes relatifs aux tachyarythmies et renforcent le rôle de la cardioversion synchronisée lorsqu’un patient instable présente un trouble du rythme rapide. Les conduites à tenir en cas de fibrillation auriculaire, flutter ou tachycardie ventriculaire sont également clarifiées.
Conclusion
Les recommandations ERC 2025 marquent une évolution importante de la prise en charge de l’arrêt cardiaque. Elles privilégient une intervention plus précoce, une défibrillation mieux ciblée, une ventilation réellement maîtrisée et, lorsque c’est possible, une RCP pilotée par les données physiologiques en temps réel.
Ces nouvelles lignes directrices ont été conçues pour s’adapter aux contraintes réelles du terrain, offrant un cadre plus simple, plus efficace et véritablement orienté vers l’amélioration de la survie des patients.
Ces recommandations ERC 2025 viennent en complément des protocoles et référentiels établis par les différentes sociétés savantes et instances professionnelles, qui adaptent les bonnes pratiques de réanimation aux spécificités de chaque population d’intervenants, notamment les sapeurs-pompiers, équipes SMUR et personnels hospitaliers.