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Apnée du sommeil et polygraphie SAMOA

Charge hypoxique et index PWAD : nouveaux marqueurs du SAHOS

En France, entre 4 % et 10 % de la population adulte française est atteinte du syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS)¹. Il est reconnu que le SAHOS constitue un facteur de risques cardiovasculaires (RCV), favorisant l’hypertension artérielle, la fibrillation auriculaire, l’insuffisance cardiaque et les accidents vasculaires cérébraux.

Traditionnellement, l’évaluation de la sévérité de cette pathologie repose sur l’index d’apnées-hypopnées (IAH) et l’indice de désaturation en oxygène (IDO). Cependant, ces indicateurs ne permettent pas de prédire avec précision les risques de maladies cardiovasculaires.

Toutefois, de nouveaux marqueurs, tels que la charge hypoxique (CH) et la diminution de l’amplitude de l’onde de pouls (PWAD : Pulse Wave Amplitude Drop), ont été identifiés comme des marqueur prometteurs pour évaluer le risque de mortalité cardiovasculaire.

La charge hypoxique, un marqueur prédictif de RCV

La charge hypoxique est définie comme la somme de l’aire sous la courbe de désaturation lors des événements nocturnes. Elle reflète à la fois la durée et l’intensité des désaturations, offrant ainsi une mesure plus complète pour évaluer l’impact hypoxique du SAHOS.

Selon une étude publiée dans l’European Heart Journal en 2019, réalisée sur les patients de la cohorte Sleep Health Study (SHHS), une charge hypoxique supérieure à 71 % min/h multiplierait par 1,62 le risque cardiovasculaire². Cette relation proportionnelle suggère que la charge hypoxique pourrait servir de facteur prédictif de maladies cardiovasculaires et de mortalité chez les patients atteints de SAHOS.

Sur une courbe d’oxymétrie, la charge hypoxique est représentée par le temps passé sous le seuil de saturation en oxygène (SpO2) de 90 % pendant le sommeil³.

Voici un graphique représentant une analyse polygraphique d’un patient atteint d’une apnée du sommeil obstructive sévère, qui illustre la CH.

Ici, on peut y lire deux éléments principaux : le flux respiratoire (Débit), marqué par des apnées obstructives, et les chutes répétées de la saturation en oxygène, liées à chaque événement respiratoire. Sur ce graphique, la charge hypoxique est représentée par des zones bleues sous la courbe SpO2 qui permettent de visualiser l’ampleur et la durée des désaturations. Le tableau ci-dessous décrit plus en détail les indicateurs de sévérité liés à l’apnée du sommeil.

Le résultat de l’examen

IAH 35,1 /h
RDI 37,7 /h
IDO 29,5 /h
Charge hypoxique 66,8 % min/h

Les valeurs de référence

IAH / RDI / IDO
Normal < 5/h
Léger 5 à 15 /h
Modéré 15 à 30 /h
Sévère > 30/h

Le risque cardiovasculaire en fonction de la charge hypoxique est quant à lui évalué de la manière suivante :

L'index PWAD, un indicateur du tonus sympathique

L’amplitude de l’onde de pouls est un indicateur du tonus sympathique chez un individu. Pendant le sommeil, une diminution de cette amplitude peut indiquer une activation excessive du système nerveux sympathique, souvent observée lors des phases d’apnées. Cette vasoconstriction périphérique, mesurée par l’index PWAD, est associée à une fragmentation du sommeil et peut servir de paramètre de substitution aux micro-éveils détectés par électroencéphalogramme (EEG).​

Des recherches menées par l’équipe du Pr Heinzer à Lausanne ont exploré la pertinence de la diminution de l’amplitude de l’onde de pouls dans la prédiction du risque cardiovasculaire. Leurs analyses suggèrent que cet indice pourrait être un biomarqueur prometteur pour évaluer le risque cardiovasculaire chez les patients atteints de SAHOS. De plus, selon la Société de Pneumologie de Langue Française, un IAH supérieur à 15/h combiné à un index PWAD bas peut être considéré comme un indicateur de risque cardiovasculaire accru4.  

En résumé

L’intégration de la charge hypoxique et de l’amplitude de l’onde de pouls dans l’évaluation du SAHOS représente une avancée majeure pour affiner le dépistage du risque cardiovasculaire. En adoptant la polygraphie respiratoire comme outil diagnostique de routine, les médecins généralistes peuvent jouer un rôle clé dans l’identification précoce des patients à risque et ainsi optimiser leur prise en charge pour prévenir les complications cardiovasculaires graves.