Il y a quelques mois, le CESU 54 (CESU ZONAL du CHRU de Nancy) a eu l’occasion de tester le dispositif de formation à la ventilation manuelle de haute performance EOlife X. Dr Géraldine LOUIS (Responsable médicale CESU 54 et CESU de la zone Est défense) et Emerick BOUVIER (Infirmier et chargé de formation urgence), les formateurs, ont tout de suite été enthousiasmés par la pédagogie de l’outil. Il évalue chaque étape de ce geste technique et met ainsi en évidence les leviers d’amélioration.
Corriger avec précision
La ventilation manuelle est un geste pratiqué au quotidien par les services d’urgence. Il est considéré comme maîtrisé par la plupart des équipes. Pourtant, une récente étude a révélé que seulement 5% des participants à une formation ACLS ventilaient correctement (1).
« Nous, on nous a toujours appris que quand le thorax se soulève, on sait ventiler. Alors qu’au final, il y a d’autres indicateurs à prendre en compte », explique Géraldine LOUIS. « Quand on a découvert EOlife X, nous l’avons testé nous-même. Je pensais avoir un bon taux de réussite avec mes 23 ans passés au SAMU. En fait, je ventile un peu trop vite ! Le volume était bon, avec quelques fuites et trop vite ! On se rend compte qu’on n’est pas aussi bon qu’on l’imagine. EOlife X nous permet de corriger certains gestes avec précision.»
En effet, EOlife X offre un monitorage de la ventilation, avec un retour visuel en temps réel. C’est un outil de formation permettant la mesure et l’enregistrement du Volume Insufflé, du volume courant, et de la fréquence respiratoire en temps réel, pour s’entrainer à la ventilation conformément aux recommandations de l’ERC et de l’AHA. EOlife X permet la formation sur des mannequins adultes et pédiatriques (> 1 an). Cela permet d’apprendre ou de perfectionner les gestes de la ventilation manuelle de manière optimale. Le dispositif contrôle le positionnement, l’étanchéité du masque et la subluxation de la mâchoire pour éviter l’insufflation gastrique. La session de formation peut commencer avec une ventilation à l’aveugle grâce à une fonction qui enregistre et évalue les paramètres ventilatoires au cours d’une ventilation manuelle sans retour d’information.
Le maître mot : autoévaluation
Emerick BOUVIER pose le contexte. « On a fait le choix au CESU 54 de cibler un public aguerri à la ventilation manuelle, à savoir des infirmiers, des ambulanciers et même des médecins et des internes. Ces professionnels du SMUR sont confrontés à des Accidents Cardio-Respiratoire au quotidien. On a donc intégré EOlife X dans nos formations depuis septembre 2024 de façon pérenne. En deux mois, nous avons formé environ 80 personnes ».
L’application EOlife Connect complète la formation avec EOlife X, offrant une analyse détaillée des sessions permettant ainsi d’identifier les aspects à corriger et à améliorer. Une étude publiée en 2024 a montré que l’utilisation d’EOlife X lors de la formation à la ventilation pédiatrique améliore la fréquence respiratoire de 40 % et l’administration du volume courant de 60 %. (2)
« Nous commençons systématiquement la formation avec une ventilation à l’aveugle », précise-t-il. « Certains apprenants sont tout contents de voir le thorax se soulever. Ils pensent avoir un taux de réussite de 98%. Finalement, ils sont à 33%… Le choc ! On en profite alors pour échanger avec eux, pour voir s’ils ont une idée de ce qu’il s’est passé. Ensuite, on recommence l’exercice avec EOlife X. Là, ils se rendent compte généralement qu’ils ventilent trop vite », ajoute Géraldine LOUIS. En effet, en simulation ou en formation, les formateurs insistent sur la notion d’autoévaluation. « Ce dispositif permet de connaître ses propres défauts. Il explique pourquoi on ne ventile pas bien, avec des critères objectifs. Les participants n’ont eu aucune appréhension. Au contraire, ils se sont sentis challengés pour réussir à pratiquer des ventilations correctes. Ils accueillent favorablement cette autoévaluation. Cette approche rentre complètement dans la pédagogie de notre centre en termes d’enseignement ».
« Pour améliorer notre RCP, c’est vraiment pas mal ! Quand j’ai vu les collègues qui étaient à 40% ou 50% de réussite au premier passage, ça m’a surpris. J’ai bien observé les recommandations d’amélioration. Comme on sait exactement sur quoi être vigilant, on progresse tout de suite plus vite », précise un participant à la formation du CESU 54, ambulancier dans le grand Est.
Se poser les bonnes questions
« En tant que formateur, cet outil nous permet de rebondir, de revenir sur des notions que les apprenants pensaient acquises » explique Emerick BOUVIER. Sa consœur renchérit : « Oui, je pense qu’on ventile tous de manière cohérente avec le thorax qui se soulève. Maintenant, est-ce qu’on insuffle trop ? Est-ce qu’on insuffle trop vite ? Je pense que notre erreur est là. C’est ce que montre les résultats. Le stress nous fait-il aller trop vite ? C’est possible. Une simulation représente un stress car l’on passe devant ses collègues. Cela reproduit un peu le stress que l’on subit en intervention. Maintenant je suis très vigilante sur la fréquence de ma ventilation. Après ces premières sessions de formation, on se rend compte que la fréquence n’a pas été suffisamment abordée par le passé. Cela a probablement été dit mais le message n’est pas resté. C’est important de redonner la totalité des informations ».
L’équipe du CESU 54 dresse donc un bilan positif. « Nous allons déployer la solution pour les formations AFGSU. En effet, le CESU a pour vocation de former l’ensemble des personnels hospitaliers aux gestes et soins d’urgence.».
1) D’Agostino, F., et al. (2024). Are Instructors Correctly Gauging Ventilation Competence Acquired by Manual Ventilation Trainees? Resuscitation, 185, 110240.
2) Finney, J., et al. (2024). PREVENT: The Pediatric EMS Ventilation Pilot Simulation Trial. Pediatric Academic Societies Meeting, Abstract P-411.