Chaque 28 mai, la Journée Internationale d’Action pour la Santé des Femmes met en lumière les enjeux spécifiques liés à la santé des femmes dans le monde. L’un des sujets cruciaux, souvent négligé, est celui des maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité chez les femmes, devant le cancer¹. Parmi elles, l’infarctus du myocarde (communément appelé « crise cardiaque ») présente des particularités physiologiques et cliniques chez la femme. Comprendre ces différences est essentiel pour une prévention efficace et un diagnostic précoce.
Le cœur des femmes : une physiologie à part entière
Le cœur des femmes n’est pas simplement une version plus petite de celui des hommes. Il possède des caractéristiques physiologiques propres :

Symptômes des maladies cardiovasculaires chez les femmes
Chaque année, des millions de femmes meurent de maladies cardiovasculaires : infarctus, AVC, insuffisance cardiaque, etc. Pourtant, peu d’entre elles se sentent concernées. Cette méconnaissance retarde les diagnostics, complique la prise en charge et accroît les risques.
Contrairement aux hommes, dont les infarctus se manifestent souvent par une douleur thoracique aiguë irradiant dans le bras gauche, les femmes présentent fréquemment des symptômes atypiques. Ces signaux d’alerte, parfois ignorés ou minimisés, incluent :
- Fatigue extrême ou inexpliquée
- Essoufflement (dyspnée) même au repos ou à l’effort minime
- Nausées, vomissements ou indigestion
- Douleur au dos, à la mâchoire ou au cou
- Vertiges ou sensation de malaise
- Anxiété ou impression imminente de mort
Ces manifestations peuvent survenir sans douleur thoracique, rendant le diagnostic plus difficile et souvent retardé, avec des conséquences graves.
Facteurs de risque des maladies cardiovasculaires spécifiques aux femmes
Si certains facteurs de risque sont communs aux deux sexes (tabac, sédentarité, hypertension, diabète…), les femmes présentent aussi des vulnérabilités particulières.
La grossesse, un révélateur de risques
Certaines complications de la grossesse ne sont pas seulement des événements ponctuels. Elles peuvent prédire un risque cardiovasculaire accru des années plus tard.
- La prééclampsie, caractérisée par une hypertension artérielle associée à la présence de protéines dans les urines, multiplie par deux le risque d’hypertension et de maladies cardiaques à long terme.
- Le diabète gestationnel (augmentation du taux de sucre dans le sang pendant la grossesse) expose les femmes à un risque plus élevé de développer un diabète de type 2 après l’accouchement, ce qui augmente aussi le risque d’infarctus ou d’AVC.
- L’hypertension gravidique, même isolée, est également un marqueur de vulnérabilité cardiaque future.
Ces complications doivent inciter à un suivi cardiovasculaire renforcé dès la quarantaine.
La contraception hormonale
Les contraceptifs hormonaux (pilules, patchs, anneaux) modifient l’équilibre vasculaire et peuvent, dans certains cas, augmenter le risque de thrombose (formation de caillots sanguins). Ce risque est accentué si d’autres facteurs sont présents comme le tabagisme. Ce dernier fait grimper de façon importante le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) et d’embolie pulmonaire.
Certaines femmes peuvent également présenter une prédisposition génétique (ex. : mutation du facteur V Leiden), sans le savoir. Il est donc essentiel que la prescription de contraceptifs hormonaux soit personnalisée, après une évaluation des antécédents familiaux et des facteurs de risques cardiovasculaires.
La ménopause, un tournant hormonal et métabolique
La ménopause s’accompagne d’une disparition des œstrogènes, hormones jusque-là protectrices pour le système cardiovasculaire. Cette transition provoque :
- Une augmentation de la pression artérielle
- Une élévation du cholestérol LDL (le « mauvais cholestérol »)
- Une baisse de la sensibilité à l’insuline, favorisant le diabète
- Une redistribution des graisses vers l’abdomen, liée au surpoids
Ces changements expliquent pourquoi les femmes voient leur risque cardiovasculaire doubler après la ménopause, souvent sans en avoir conscience. D’où l’importance d’un suivi médical régulier et d’une hygiène de vie adaptée à cette nouvelle phase.
Le stress chronique et la charge mentale
Les femmes sont souvent exposées à un stress psychologique constant, lié à la gestion du travail, de la famille, des enfants, voire du soin aux proches malades. Cette charge mentale, rarement visible, a des effets directs sur la santé cardiovasculaire :
- Augmentation de la tension artérielle
- Libération de cortisol, l’hormone du stress, qui perturbe le métabolisme
- Troubles du sommeil, fatigue chronique, comportements alimentaires déséquilibrés
À long terme, ce stress favorise l’inflammation des artères, un terrain propice aux infarctus et aux AVC. Prendre soin de sa santé mentale, apprendre à dire non, se ménager des temps de repos, veiller à son sommeil sont des gestes préventifs aussi importants que l’alimentation ou l’exercice physique.
Prévenir les maladies cardiovasculaires chez les femmes
Adopter une hygiène de vie saine est la meilleure arme contre l’infarctus du myocarde. Voici quelques recommandations clés :
- Surveiller les facteurs de risque : hypertension, diabète, cholestérol, surpoids et tabagisme sont des ennemis silencieux.
- Bouger régulièrement : au moins 30 minutes d’activité physique modérée 5 fois par semaine.
- Manger équilibré : privilégier les fruits, légumes, poissons gras, céréales complètes et limiter les graisses saturées.
- Réduire le stress : la charge mentale, souvent plus élevée chez les femmes, augmente le risque cardiovasculaire.
- Contrôler son sommeil : un sommeil de qualité aide à réguler la tension artérielle et la glycémie.
- Consulter régulièrement : bilans de santé, électrocardiogrammes, contrôle de la tension et dépistage des maladies métaboliques sont essentiels, surtout après 50 ans.
La santé cardiovasculaire des femmes mérite une attention accrue, car les signes d’un infarctus sont souvent silencieux ou trompeurs. Cette Journée Internationale d’Action pour la Santé des Femmes nous rappelle l’importance de l’éducation, de la prévention et du dépistage. Prendre soin de son cœur, c’est aussi prendre soin de sa vie.
Sources :
1. OMS : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/women-s-health
2. Fédération Française de cardiologie : https://www.fedecardio.org/
3. Agir pour le cœur des femmes : https://www.agirpourlecoeurdesfemmes.com/