Dans un contexte d’accroissement des maladies cardio-vasculaires, l’optimisation des processus médicaux est un enjeu majeur pour répondre à la demande. En ce sens, l’installation d’une solution d’épreuve d’effort représente un réel défi pour s’adapter aux besoins et aux contraintes de la médecine nucléaire. Cette étude de cas décrit l’intégration de la solution SCHILLER au système d’information d’un nouveau centre de médecine nucléaire à Saintes. Après deux années de recul, découvrez les défis rencontrés, les solutions mises en œuvre et les bénéfices obtenus.
Présentation du cas
Contexte et besoin
En 2022, le groupe SINEM, centre d’Imagerie Moléculaire basé à Poitiers, ouvre un nouveau centre à Saintes. Il décide alors d’investir dans une nouvelle solution pour les examens de scintigraphie myocardique. Dans le cadre de la pratique de la médecine nucléaire, les critères de choix d’une épreuve d’effort portent sur la robustesse du matériel, l’ergonomie du vélo et la gestion des données patients avec la connectivité entre les systèmes et l’intégration efficace avec le dossier patient. En outre, la définition du projet implique plusieurs contraintes :
- Le SINEM travaille avec le logiciel EDL, système d’information permettant une gestion multi-sites et multi-utilisateurs
- Plusieurs cardiologues pratiquent les examens
- La prise en compte du confort des patients et l’optimisation du délai de déroulement de l’examen.
Objectifs du projet
Ainsi, le SINEM fixe un cahier des charges exigeant :
- Développer un interfaçage flexible et fluide qui répond à la fois aux besoins des cardiologues et des médecins nucléaires. La collecte et l’analyse des données d’épreuve d’effort doivent être automatiques et s’opérer de manière bi-directionnelle avec le logiciel EDL pour une remontée directement dans le Compte Rendu.
- Proposer un environnement de travail ergonomique et personnalisable pour les cardiologues.
- Préserver la traçabilité et la sécurité des données
- Garantir une excellente prise en charge du patient
Analyse des défis
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Contraintes techniques
Compatibilité avec l’infrastructure existante (matériel et logiciels).
L’installation d’un logiciel d’épreuve d’effort doit avant tout s’intégrer parfaitement à l’écosystème technologique en place. En effet, les logiciels de médecine nucléaire (ex : VENUS, SOFTWAY, EDL) doivent d’une part être capables d’échanger automatiquement des informations avec le nouveau système d’épreuve d’effort. Cela garantit meilleure fluidité dans la transmission des données, évite la double saisie et réduit donc les erreurs humaines.
D’autre part, un système compatible avec les infrastructures existantes facilite les mises à jour, le support technique et permet d’ajouter de nouvelles fonctionnalités de manière fluide.
Enfin, une bonne compatibilité limite les interruptions de service. Cela confère une mise en œuvre progressive, sans perturber le flux des examens quotidiens. La continuité de service est en effet essentielle pour garantir la qualité et la permanence des soins, et éviter toute annulation de vacation avec des pertes financières.
Concordance indispensable avec les standards DICOM et HL7 pour l’interopérabilité
Aujourd’hui, les dispositifs doivent répondre aux standards DICOM et HL7 pour assurer une communication efficace entre les différents systèmes informatiques médicaux. En effet, ces protocoles assurent une transmission chiffrée et sécurisée des données, et garantit ainsi la conformité aux exigences réglementaires. Une interconnexion facilitée offre une communication fluide : les résultats d’une épreuve d’effort sont envoyés automatiquement en pdf vers le dossier patient dans le RIS de médecine nucléaire. Ainsi, plus de risque d’erreur avec des transferts manuels de fichiers. En parallèle, le compte rendu est implémenté directement des données saisies par le cardiologue, pour permettre au médecin nucléaire de se concentrer sur l’interprétation de son examen et son diagnostic.
Exigences spécifiques
Les praticiens ont souhaité un outil très rapide, avec des fonctionnalités qui fassent gagner du temps au moment de l’analyse. Ainsi, ils ont spécifié deux demandes :
- Que le compte-rendu cardiologique contienne des champs pré-remplis avec les données de l’examen
- Que ces données médicales soient directement envoyées vers EDL et apparaissent sans ouvrir le PDF du rapport. Ils se font alors une idée en un coup d’œil de l’état cardiologique du patient et estiment s’il est nécessaire d’approfondir leur analyse avec la consultation du rapport.
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Contraintes organisationnelles
L’intégration d’un tel système s’anticipe afin d’assurer une mise en place efficace.
Adaptation aux protocoles cliniques
Les protocoles proposés par le dispositif doivent correspondre aux protocoles utilisés et validés par les cardiologues et médecins nucléaires, pour garantir la cohérence des bonnes pratiques.
Formation du personnel à la nouvelle solution
Un déploiement réussi exige que le personnel (médecins et manipulateurs) soit formé :
- A l’utilisation du logiciel
- Au matériel associé : ergomètre, système d’électrodes par aspiration, aux flux entre logiciels
- A la transition de méthode de travail pour minimiser les interruptions d’activité
Une assistance technique et médicale doit être disponible pour répondre rapidement aux questions et aux imprévus.
Solutions mises en place
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Choix du logiciel et du matériel
Le centre a opté pour le logiciel d’épreuve d’effort SCHILLER avec le dispositif CARDIOVIT CS-104, équipé d’un tensiomètre automatique. Cette solution est reconnue pour sa flexibilité d’utilisation, sa compatibilité avec les équipements de médecine nucléaire et sa connectivité avancée avec les logiciels métiers.
Le logiciel CARDIOVIT CS-104 est ergonomique et entièrement personnalisable. Il permet d’attribuer un profil spécifique pour chaque médecin cardiologue, en fonction de ses habitudes de travail. Ainsi, le praticien peut opter pour un protocole adapté au profil de chaque patient, un test pharmacologique, la relecture des données en cours d’examen, un affichage et des modèles de compte-rendu personnalisés etc. Toutes les données clés sont affichées sur un seul écran.
Petite particularité : le centre de Saintes a demandé un double écran afin de bénéficier d’une part de l’affichage du RIS de médecine nucléaire sur le premier écran, et d’autre part, d’avoir le logiciel de cardiologie pour suivre l’examen sur le second écran.
Par ailleurs, la solution comprend un système d’électrodes par aspiration fiable. Il offre différents niveaux d’aspiration et préserve la qualité de tracé. Il s’utilise sans aucun consommable, se pose facilement et se désinfecte d’un coup de lingette.
A cela, s’ajoute un ergomètre au choix entre vélo, vélo assis ou vélo à main. Le centre de Saintes a opté pour un vélo silencieux et ergonomique, avec un accès facile et une hauteur de selle réglable pour le confort du patient. L’examen s’effectue ainsi dans de bonnes conditions.
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Processus d’installation et de formation
Intégration de la solution SEMA de SCHILLER au système d’information du SINEM.
SEMA est le logiciel SCHILLER qui assure les interconnexions avec d’autres systèmes. Dans le cas du centre de Saintes, il fallait que celui-ci se connecte avec :
- Le logiciel de worklist, Explore EDL en HL7
- Le logiciel de dossiers patients dédié à la médecine nucléaire EDL
Pour optimiser la fluidité de la transmission de l’information, il a été décidé d’intégrer la solution EAI (Intégration d’applications d’entreprise) Ether Healthcare. En effet, l’EAI récupère l’ensemble des flux de la worklist et de EDL, pour les transmettre vers les dispositifs médicaux, et inversement. Tel un « péage », l’EAI centralise les données en un point de collecte pour optimiser les connexions à EDL et ainsi réduire les coûts.
Ainsi, une équipe complète a été constituée pour la gestion du projet :
- Dr Thomas PINTO, médecin nucléaire et président du SINEM
- Le responsable informatique du SINEM
- Le chef de projet explore EDL pour la worklist
- Le chef de projet EAI qui gère à la fois Ether Healthcare et EDL
- L’équipe SCHILLER avec un coordonnateur référent, un chef de projet IT pour la communication avec les dispositifs médicaux et une ingénieure d’application pour l’installation, le paramétrage et la formation.
Une feuille de route sous forme d’un diagramme de GANTT sert de point de repère pour la répartition des tâches, la planification, l’exécution, la phase de test, puis la formation des équipes. Le projet a nécessité un mois de travail.
L’équipe a fait preuve de réactivité. La communication s’est faite naturellement. Chaque intervenant est expert dans son domaine et a donc intégré les connexions sans difficulté particulière. Concernant les demandes spécifiques sur la transmission des données médicales vers EDL, le chef de projet IT SCHILLER a effectué des réglages particuliers au niveau de HL 7 pour qu’elles soient satisfaites.
Installation
Une fois le matériel assemblé, la première étape consiste à le connecter au réseau. Cette étape critique permet de vérifier si les transmissions de données fonctionnent correctement. Dans le cas contraire, le chef de projet IT intervient très rapidement auprès de l’ensemble des acteurs pour effectuer les correctifs nécessaires. Une fois cette phase validée, l’ingénieure d’application paramètre les sessions pour les médecins en deux temps :
- Réglage des paramètres communs à l’ensemble des médecins
- Réglage des profils personnalisés : en présence du médecin s’il est en vacation, ou par défaut avec possibilité de reprendre la main à distance pour affiner le réglage lorsque le cardiologue a une disponibilité ultérieure. Cette manipulation prend en moyenne 10-15 minutes.
Formation
La formation se déroule en deux temps.
Tout d’abord, une première formation « à blanc » est proposée aux manipulateurs. SCHILLER leur explique le fonctionnement de l’ensemble de la solution. Un référent est nommé pour servir d’intermédiaire entre le coordonnateur SCHILLER et l’équipe de médecins/manipulateurs parfois très nombreux, et qui n’ont pas toujours la possibilité d’être présents physiquement pour les sessions de formation. Le manipulateur référent a également pour mission de synthétiser les demandes lorsque plusieurs médecins souhaitent préciser quelques réglages.
Dans un second temps, SCHILLER forme les cardiologues, et les accompagnent pour leurs premières vacations avec ce matériel. Ainsi, toutes les questions trouvent réponses en direct.
Pour les médecins qui n’ont pu se libérer, le coordonnateur peut soit organiser une session de formation à distance ou une nouvelle session en présentiel.
Résultats et impacts
Les premiers retours mettent en lumière des bénéfices tangibles. L’impact de ce déploiement illustre l’importance d’une transition numérique bien accompagnée et adaptée aux besoins du terrain.
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Gain de temps et efficacité
- Réduction de 30 % du temps nécessaire à la saisie et à l’analyse des examens.
- Accès facilité grâce aux listes de travail optimisées qui réduisent le nombre de clics.
- Possibilité de paramétrer un RIS pour la gestion des comptes-rendus. Cela allège la charge des médecins et manipulateurs.
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Fiabilité et réduction des erreurs
- Suppression des erreurs de transcription grâce à l’automatisation.
- Affinage des protocoles dès la phase de test pour mieux répondre aux besoins des praticiens.
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Amélioration de la coordination et du partage des données
- Résultats disponibles en temps réel et de manière bidirectionnelle.
- Récupération automatique des données médicales dans EDL. Cela permet aux médecins nucléaires de statuer en un coup d’œil sur l’état cardiologique du patient avant d’approfondir leur analyse.
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Satisfaction des utilisateurs
- Les cardiologues apprécient la personnalisation du logiciel qu’il considèrent comme très intuitif : profil, protocoles, comptes-rendus… ces paramètres adaptés à leurs habitudes de travail améliorent leur quotidien.
- Qualité de tracé et la fonction revisualisation des événements particulièrement appréciées. La performance et la simplicité d’accès du système sont donc des atouts majeurs.
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Impact sur la prise en charge des patients
- Optimisation du flux de travail permettant la prise en charge de 24 patients en épreuve d’effort par jour.
- Délai d’attente réduit pour l’accès aux résultats avec le médecin nucléaire.
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Accompagnement et formation
- Mise en place d’un accompagnement individualisé pour faciliter l’adoption du nouvel outil.