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Science et mémorisation : quelles stratégies pour retenir l'information à long terme

Apprentissage efficace : ce que dit la science

L’apprentissage est un processus cognitif complexe qui ne se limite pas à la mémorisation brute. Comment notre cerveau retient-il réellement ce que nous apprenons ? Quelles stratégies et outils peuvent améliorer durablement la mémoire ? Voici ce que révèle la recherche scientifique.

 

  1. Les mécanismes cérébraux de la mémoire

Système mnésique

Notre capacité à restituer ce que nous avons mémorisé repose sur un processus complexe mobilisant plusieurs zones du cerveau. De fait, cinq systèmes interconnectés s’activent en synergie, sollicitant divers réseaux neuronaux. À l’image d’un orchestre guidé par l’hippocampe — véritable chef d’orchestre de la mémoire — le centre mnésique convoque une ou plusieurs de ces régions pour raviver un souvenir. Ainsi, plus un souvenir est solidement ancré dans nos différentes mémoires, plus son rappel devient fluide et spontané.

5 types de mémoire

Encodage, stockage, récupération

La mémorisation repose sur une modulation des connexions neuronales à l’intérieur de l’un des systèmes de mémoire. L’hippocampe y occupe une place centrale, en orchestrant la consolidation des souvenirs à long terme. Une fois l’information traitée par l’un de nos systèmes mnésiques, elle est transférée vers le cortex pour y être stockée durablement. Ce mécanisme d’apprentissage suit trois étapes fondamentales :

  • Encodage : l’information sensorielle est transformée en trace mnésique.
  • Stockage : les souvenirs sont consolidés dans différentes régions du cerveau (l’hippocampe pour le court terme, le cortex pour le long terme).
  • Récupération : l’information peut ensuite être rappelée de manière active ou spontanée.

 

  1. Le processus d’apprentissage

L’apprentissage dépasse la simple accumulation de connaissances. On pourrait le résumer par la formule :

Apprendre = connaître + comprendre + mobiliser + faire preuve de créativité

  1. Connaître : la base du savoir. Il s’agit d’acquérir un socle de faits, de notions, de repères.
  2. Comprendre : donner du sens. Cette deuxième étape consiste à relier les connaissances entre elles, à en saisir le sens et la logique.
  3. Mobiliser : savoir agir. Le savoir n’a de valeur réelle que s’il peut être mobilisé, c’est-à-dire utilisé dans des contextes variés. Il ne s’agit plus seulement de savoir quoi, mais de savoir comment s’en servir.
  4. Faire preuve de créativité: devenir auteur de son savoir. En d’autres termes, il s’agit de concevoir un nouveau contenu de manière originale en s’appropriant ses connaissances.

 

  1. L’effet de l’espacement : lutter contre la courbe de l’oubli

Nous l’avons vu, un apprentissage efficace doit s’ancrer dans la mémoire à long terme. Pour cela, intégrer une information à intervalles espacés plutôt que dans un court laps de temps améliore sa rétention. Ce phénomène, documenté depuis plus d’un siècle, est appelé « effet de l’espacement ». Ainsi, pour contrer la « courbe de l’oubli », des séances courtes (1h30 maximum), répétées de manière de plus en plus éloignées (jusqu’à sept fois), augmentent considérablement la rétention. Une étude de Cepeda et al. (2006) a montré que les participants qui révisaient à intervalles espacés retenaient significativement mieux les informations jusqu’à 6 mois plus tard [2].

Courbe de l'oubli
Courbe de l’oubli

Ce graphique, appelé courbe de l’oubli, illustre que plus de la moitié des informations mémorisées sont oubliées après seulement deux jours, et que cette perte continue de s’accentuer au fil du temps.

Apprentissage espacé pour lutter contre la courbe de l'oubli.
Apprentissage espacé pour lutter contre la courbe de l’oubli. Source : Adrien MOYAUX, schéma publié sur Wikipédia

Au XIXe siècle, le philosophe allemand Hermann Ebbinghaus a démontré qu’en espaçant les révisions selon un certain rythme, on pouvait retenir jusqu’à 80 % d’un contenu après six mois. Sans cette méthode, on n’en retiendrait généralement pas plus de 20 %. Ce phénomène est connu sous le nom de courbe d’Ebbinghaus.

 

  1. L’effet de test

Participer activement permet de mieux retenir l’information. Des études (notamment celles de Roediger et Karpicke, 2006) [3] ont montré que les élèves qui s’entraînent à se rappeler activement une information (par des quiz, des interrogations, ou en la reformulant sans support) la retiennent mieux et plus longtemps que ceux qui relisent simplement leur cours plusieurs fois.

L’effet de test repose sur plusieurs mécanismes cognitifs puissants :

  • Récupération active : chercher activement l’information dans sa mémoire renforce les connexions neuronales.
  • Effort cognitif : plus l’effort est grand, plus l’apprentissage est solide (effet de difficulté désirable).
  • Détection des lacunes : les tests révèlent ce qu’on ne maîtrise pas encore, ce qui guide l’apprentissage de façon plus efficace.
  • Renforcement du rappel : plus on se rappelle une information, plus elle devient facile pour l’hippocampe à retrouver par la suite.

 

  1. Le rôle du sommeil et de l’activité physique

Le sommeil, en particulier le sommeil lent profond, joue un rôle crucial dans la consolidation mnésique. Durant la nuit, l’hippocampe « rejoue » les souvenirs récents, les transférant vers le néocortex. Une privation de sommeil (moins de 5 heures par nuit) peut être associée à des troubles de la mémoire et à une difficulté d’apprentissage. Walker et Stickgold (2004) ont montré que les participants dormant après un apprentissage verbal ou moteur voyaient leur performance s’améliorer sans nouvelle pratique [4].

De plus, nous en parlions précédemment, l’hippocampe orchestre les mémoires. Or, l’activité physique permet de sécréter de la BDNF (brain-derived neurotrophic factor). Il s’agit d’un polypeptidique responsable de la prolifération, de la différenciation et de la survie des neurones. Donc plus on sécrète de la BDNF, plus notre hippocampe augmente de volume grâce à l’afflux sanguin. Cela favorise la plasticité synaptique, notamment la potentialisation à long terme (LTP), qui renforce les connexions neuronales. Notre hippocampe va donc gérer les informations stockées dans nos différentes mémoires de manière plus efficace.

 

  1. L’impact de l’émotion et de l’attention

La combinaison d’activités physiques, mentales et émotionnelles constitue un levier puissant pour renforcer les connexions neuronales. Cela favorise une mémorisation durable, en particulier, les expériences émotionnellement marquantes. Elles laissent une empreinte plus forte en mémoire, grâce à l’activation de l’amygdale, une structure cérébrale clé impliquée dans le traitement émotionnel. Cette activation facilite l’encodage et la consolidation des souvenirs.

Les recherches en neurosciences, notamment celles de Kensinger et Corkin (2003), ont mis en évidence un lien direct entre l’intensité émotionnelle d’une expérience et l’activation des circuits de la mémoire. Autrement dit, plus une situation est émotionnellement impliquante, plus elle a de chances d’être retenue.

À cela s’ajoute l’importance de l’attention soutenue, indispensable pour encoder efficacement les informations dans la mémoire à long terme. L’attention agit comme un filtre : elle sélectionne les informations pertinentes et favorise leur traitement en profondeur.

 

L’apprentissage immersif : mobiliser les circuits profonds de la mémoire

Un apprentissage immersif, qui mobilise simultanément le corps, les émotions et l’esprit — par exemple à travers des jeux de rôles, des simulations ou des mises en situation — permet d’activer l’ensemble de ces processus. Ce type d’approche engage l’apprenant de manière globale, en favorisant la résolution de problèmes concrets, la prise d’initiative et la créativité.

De plus, ces situations pédagogiques sollicitent ce que l’on appelle « le mode diffus » du cerveau : un mode de fonctionnement non linéaire, associé à la réflexion intuitive, aux associations d’idées et à l’émergence de solutions originales. Contrairement au mode focalisé (rationnel, logique, analytique), le mode diffus est souvent mobilisé inconsciemment, notamment pendant les phases de repos ou de relâchement.

 

Une stratégie efficace : commencer par la complexité

Une technique d’apprentissage particulièrement efficace consiste à commencer par le problème le plus complexe. Le cerveau, confronté à cette difficulté, va naturellement chercher à le résoudre. Lorsqu’il atteint une impasse, il est conseillé de passer à une tâche plus simple, en progressant ensuite graduellement vers des situations de plus en plus complexes.

Pendant ce temps, en arrière-plan, le cerveau continue de traiter inconsciemment le premier problème. En y revenant plus tard, l’apprenant parvient souvent à le résoudre plus facilement : c’est l’effet combiné du mode diffus, du repos cognitif et de la consolidation inconsciente.

 

  1. Stratégies efficaces basées sur la science

Pour résumer, voici quelques techniques validées scientifiquement pour optimiser un apprentissage :

Stratégie Description Bénéfice
Répétition espacée Révisions à intervalles croissants Mémoire à long terme
Auto-évaluation Se tester régulièrement Rappel renforcé
Élaboration Relier une info nouvelle à des connaissances existantes Encodage plus profond
Interrogation élaborative Se poser “Pourquoi ? Comment ?” Mémorisation contextuelle
Enseignement à autrui Expliquer à quelqu’un d’autre Organisation de la pensée

 

  1. Apprendre efficacement : quand la science éclaire la pédagogie

Apprendre, ce n’est pas seulement accumuler des connaissances. C’est un processus dynamique qui mobilise notre cerveau, notre attention, notre motivation et nos émotions. La recherche en psychologie cognitive et en neurosciences nous enseigne qu’un apprentissage réussi repose sur plusieurs leviers : varier les méthodes, espacer les révisions, se tester activement et relier les savoirs entre eux.

C’est pourquoi un outil pédagogique efficace doit offrir plus qu’un simple accès à l’information : il doit permettre de revenir régulièrement sur les notions clés, de s’auto-évaluer, et de créer des ponts entre les connaissances grâce à des contenus diversifiés et engageants.

 

SCHILLER Academy : une plateforme fondée sur les sciences cognitives pour apprendre mieux, partout, à tout moment

La SCHILLER Academy, plateforme 100 % en ligne, a été pensée pour activer les mécanismes naturels de la mémoire. Chaque parcours stimule les trois étapes fondamentales de la mémorisation :

  • Encodage (intégration des informations)
  • Répétition (consolidation dans la mémoire)
  • Récupération (capacité à se souvenir quand on en a besoin)

Grâce à une interface intuitive et des formats variés – vidéos, quiz, défis, outils interactifs – l’apprenant est à la fois actif, curieux et motivé. Des activités de rappel actif permettent de tester ses connaissances, un levier puissant pour renforcer les connexions neuronales et améliorer la mémoire à long terme.

Autre atout : les modules s’adaptent à l’usage réel des produits, facilitant une application immédiate en contexte professionnel. Le rythme d’apprentissage, alternant accompagnement et autonomie, favorise l’effet d’espacement : le retour régulier sur les notions essentielles permet de lutter efficacement contre l’oubli.

 

LUF, se former aux gestes qui sauvent

La formation en ligne offerte proposée par Learning Urgence Factory permet de maîtriser les bases de la Réanimation Cardio-Pulmonaire (RCP) : alerter, masser, défibriller. Son approche pédagogique, à la fois souple et accessible, tient compte des contraintes du terrain : équipes restreintes, plannings chargés, besoins variés.

 

En misant sur un apprentissage autonome et progressif, elle encourage la révision espacée, un facteur clé pour contrecarrer la courbe de l’oubli. Ce format s’inscrit dans une logique d’apprentissage adaptatif, au service de l’efficacité et de la confiance.

 

Matériel de formation pour une expérience immersive

Rien ne remplace l’expérience concrète pour ancrer les savoirs. Les dispositifs de simulation – comme le défibrillateur de formation FRED PA-1 Trainer, le simulateur de moniteur-défibrillateur SKILLQUBE et le monitorage de la ventilation EOlife X – permettent à l’apprenant de se confronter à des situations proches du réel.

Ce type d’apprentissage immersif sollicite à la fois le corps, les émotions et le raisonnement, trois canaux essentiels pour une mémorisation forte et durable. Les émotions vécues activent l’amygdale, une région clé pour la consolidation des souvenirs. L’attention requise pendant ces scénarios assure un traitement en profondeur de l’information.

La possibilité de répéter les gestes, de varier les cas cliniques et de recevoir un feedback immédiat soutient à la fois l’entraînement moteur, la plasticité du cerveau, et le raisonnement intuitif.

 

Une pédagogie fondée sur les lois de l’apprentissage

Qu’il s’agisse d’e-learning ou de simulation, chaque solution développée par SCHILLER repose sur des principes éprouvés :

  • Effet de test : pour consolider les acquis et identifier les points à revoir
  • Espacement et réactivation : pour renforcer la mémoire à long terme
  • Multimodalité et immersion : pour maintenir l’attention et marquer les esprits
  • Approche différenciée : pour permettre à chacun d’avancer à son propre rythme

En s’appuyant à la fois sur la rigueur scientifique et les exigences du terrain, SCHILLER construit une pédagogie moderne, active, orientée vers la transformation durable des pratiques professionnelles.

 

Sources scientifiques

  1. Bear, M. F., Connors, B. W., & Paradiso, M. A. (2015). Neuroscience: Exploring the Brain. Lippincott.
  2. Cepeda, N. J., et al. (2006). Spacing effects in learning. Psychological Bulletin, 132(3), 354–380.
  3. Roediger, H. L., & Karpicke, J. D. (2006). Test-enhanced learning. Psychological Science, 17(3), 249–255.
  4. Walker, M. P., & Stickgold, R. (2004). Sleep-dependent learning and memory. Neuron, 44(1), 121–133.
  5. Kensinger, E. A., & Corkin, S. (2003). Memory enhancement for emotional words. Neuropsychologia, 41(5), 593–600.