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Apnée du sommeil et polygraphie

L’apnée du sommeil : un enjeu de santé publique

Le syndrome d’apnée-hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS) est une pathologie fréquente et sous-diagnostiquée. Près de 4 % de la population adulte serait concernée¹, avec une prévalence augmentant avec l’âge. Pourtant, un médecin généraliste reçoit en moyenne un patient apnéique par jour dans son cabinet, souvent sans le savoir. Un diagnostic précoce pourrait éviter des complications graves telles que l’hypertension résistante, l’infarctus du myocarde et les AVC.

Patients atteints de SAHOS

Comment identifier les patients sujets aux apnées du sommeil ?

En médecine générale, on estime qu’un patient sur 25 serait susceptible d’être atteint d’un SAHOS². La reconnaissance des profils à risque est donc importante.

Le patient typique atteint d’apnée du sommeil

Le profil classique est un homme de plus de 50 ans, en surpoids ou obèse, ronflant bruyamment et se plaignant d’un sommeil non réparateur et d’une somnolence diurne excessive. D’autres symptômes incluent des céphalées matinales, des réveils fréquents, une nycturie et une fatigue persistante. Les comorbidités fréquentes chez ces patients incluent l’hypertension artérielle résistante, le diabète de type 2 et des troubles cardiovasculaires.

Les profils atypiques sous-diagnostiqués

  • Femmes ménopausées : Peu de ronflements, mais fatigue chronique, insomnie, troubles de l’humeur et hypertension.
  • Enfants (2 à 6 ans) : Lié à l’hypertrophie des amygdales et végétations adénoïdes. Symptômes : troubles du comportement, difficultés scolaires, énurésie.
  • Patients insuffisants cardiaques : 36 % souffrent d’apnée du sommeil, souvent sans symptômes diurnes évidents.
Symptômes* Terrain Examen clinique
Ronflements sonores, anciens Sexe masculin, femme ménopausée Tour de cou ≥ 43 cm pour les hommes, ≥ 41 pour les femmes, IMC ≥ 35 kg/m²
Pauses respiratoires nocturnes, éveils avec suffocation Surpoids, obésité Macroglossie, hypertrophie amygdalienne, score de Mallampati à 3-4
Nycturie Âge supérieur à 50 ans Rétrognathie, endognathie
Somnolence diurne excessive, trouble de la continuité du sommeil, fatigue, troubles de la fonction sexuelle Antécédents cardiovasculaires : HTA, arythmie par FA, insuffisance cardiaque, coronaropathie, EVC, etc. HTA diastolique, arythmie

*Les symptômes cités ne doivent pas être dues à une autre cause qu’un possible SAHOS.

La polygraphie ventilatoire nocturne pour confirmer le diagnostic

Le dépistage de l’apnée du sommeil repose sur une approche clinique associée à des outils simples et accessibles. Face à la variabilité des symptômes et à la diversité des profils de patients, le praticien peut utiliser des questionnaires standardisés (STOP-BANG, échelle d’Epworth, questionnaire du réseau Morphée) pour estimer le risque.

Lorsque ces outils de dépistage révèlent une suspicion d’apnée du sommeil, une confirmation de diagnostic est nécessaire par le biais d’examens spécialisés.

Un outil accessible en médecine générale

La polygraphie ventilatoire nocturne est un examen simple et ambulatoire qui permet de mesurer le flux nasal, les mouvements thoraco-abdominaux, l’oxygénation sanguine et les ronflements. Contrairement à la polysomnographie, il ne nécessite pas l’intervention d’un spécialiste du sommeil et peut être intégré dans la pratique quotidienne du médecin généraliste après une formation dédiée.

Critères Polygraphie ventilatoire Polysomnographie
Réalisation Domicile Centre du sommeil
Paramètres analysés Respisation, oxygénation Respisation, EEG, ECG, EMG
Accessibilité Médecin généraliste formé Spécialiste du sommeil

Comment faciliter le dépistage du SAHOS en médecine générale ?

L’apnée du sommeil est une pathologie aux conséquences majeures : risque cardiovasculaire accru, troubles métaboliques, impact sur la qualité de vie et la sécurité des patients. Pourtant, son dépistage peut être intégré efficacement en médecine générale grâce à des outils accessibles et une organisation adaptée.

Intégration de l’examen en cabinet 

L’un des freins principaux au dépistage du SAHOS en médecine générale est le manque de temps. Pourtant, il est possible d’intégrer cette démarche sans allonger la durée des consultations, en structurant le parcours patient et en optimisant le rôle de l’équipe soignante. Une organisation efficace permet d’automatiser certaines étapes et d’assurer un suivi régulier sans surcharge pour le médecin.

Utilisation d’outils d’interprétation intuitifs

De nombreux médecins généralistes estiment ne pas être suffisamment formés pour reconnaître et prendre en charge l’apnée du sommeil. Pourtant, des formations courtes et adaptées au DPC permettent d’acquérir les bases nécessaires à l’analyse des résultats.

Par ailleurs, les logiciels de polygraphie, comme MiniScreen Viewer, facilitent l’analyse des courbes respiratoires et peuvent être intégrés aux logiciels métiers comme Doctolib Médecin, rendant le processus plus fluide.

Implication des équipes soignantes

Déléguer certaines tâches (remplissage des questionnaires, pose du polygraphe) aux infirmiers ou assistants médicaux optimise le dépistage et allège la charge du médecin.

En adoptant la polygraphie, les médecins généralistes peuvent identifier plus précocement les patients à risque et prévenir les complications cardiovasculaires majeures. Des solutions simples existent pour faciliter cette démarche dès aujourd’hui.